lanath
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Pour le sourire d'un enfant
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Il a fallu que je ruse avec lui, je dirigeais mon objectif dans une pseudo direction, il s’y rendait et au dernier moment je le dirigeais dans une direction opposée mais fallait faire vite, car il était agile comme un singe et rapide comme un serpent. Pour gonfler et faire siffler le ballon il se débrouillait mieux que les autres enfants.

Il a fallu que je quitte les enfants, non sans mal, car ils me suivaient. J’ai dû leur dire d’arrêter de me suivre et de retourner au parc. 
Des images pleins les yeux et les oreilles pleins de rires d’enfants je sillonnais les rues de Phnom Penh, à pied, en direction du marché Russe qui se trouvait à environ 5 km de là ! Les cambodgiens n’aiment pas trop marcher, même pour faire une petite distance ils se déplacent en moto taxi ou les plus âgés en cyclopousse, alors quand vous leur dites que vous allez vous rendre à un endroit à pied ils ne comprennent pas. Le Psar Tuol Tom Pong surnommé « marché russe » par les touristes. Les soviétiques y faisaient leurs courses dans les années 1980. Psar veut dire, marché. C’est l’endroit pour acheter des souvenirs et des vêtements. Des soieries, des antiquités, des sculptures, des bijoux en argent, des instruments de musique, etc… En général, c’est l’endroit où j’achète les cadeaux que je veux rapporter mais c’est aussi là que j’achète mon stock de krama que j’adore ! C’est l’écharpe multi-usages en coton à carreaux typiquement khmer. Pendant l’époque khmère rouge les gens les portaient, mais uniquement à carreaux rouge et blanc. Maintenant on en trouve de diverses couleurs. Chez nous, certains diraient : - Tu portes ton linge de cuisine autour du cou aujourd’hui ?! Après avoir effectué plus de 15 km à pied, sous une chaleur étouffante et moite, je suis rentrée à ma guesthouse me reposer sur la véranda pour remplir mon journal tout en sirotant une boisson.
Lundi 7 mai 2007, happy birthday Pilou ! Ma journée chez AFESIP et Somaly Mam. A 0800, Somaly Mam m’annonce au téléphone qu’un de ces collaborateurs va venir me chercher à ma guesthouse vers 0930 afin de m’amener à l’association AFESIP. Je n’ai pas eu besoin d’écrire dans mon journal mes deux journées passées à l’AFESIP, par contre, aujourd’hui encore, je ne sais comment rédiger ce que j’ai vu, ce que l’on m’a expliqué ! J’ai décidé de vous relater mes deux journées sans parti pris, sans jugements à vous de vous faire vos propres idées …. Je ne mettrai pas sur mon site les photos prises du milieu de la prostitution, d'une part par respect pour ces jeunes femmes et d'autre part, afin de ne pas entrer dans une sorte de système de marketing,voyeurisme. Munies de mes 225 préservatifs, de mes 350 stylos achetés sur le net en Suisse, ainsi que des 40 cahiers, 50 stylos, gommes, taille crayons et boites de crayons de couleurs achetés vendredi à Phnom Penh, j’attends dans le hall de l’association AFESIP que Somaly Mam termine sa réunion afin de me rencontrer. Les employés de l’association sont aux petits soins avec moi, en m’apportant un grand verre d’eau et du thé chaud. Une demi-heure s’écoule, alors que je regarde, les prix, coupures de journaux, photos de Somaly Mam, exposés sur un mur, une femme vient me chercher et m’annonce que nous allons nous rendre dans le bureau de Somaly Mam, qui se trouve à l’étage. Vendredi, CNN était venue faire une interview sur Somaly et son association et mardi, demain elle s’envole pour l’Italie. Somaly m’accueille et s’excuse pour la nuit qui règne dans son bureau, mais un mal de tête la harcèle depuis ce matin et la lumière n’arrange rien ! C’est donc dans la pénombre de son bureau que l’on me présente son équipe, le comité. Elle explique à ce dernier que j’ai amené deux, trois petites choses. En une minute elle fait le tour de ce que j’ai apporté et décide où et à qui sera distribué le matériel. La décision est prise, le tout ira aux enfants du centre de Kompong Cham. Concernant les préservatifs, je sens dans sa voix de la déception car ceux-ci sont trop grands. J’apprends que la taille utilisée au Cambodge (Asie) est du XXS (48mm) alors que j’ai apporté la taille la plus vendue sur le net (50-52mm). La voyant repoussé le stock sur le côté, visiblement déçue, je lui dis timidement qu’ils pourront être utilisés pour les clients occidentaux ! Un téléphone nous interrompt et une fois terminé, Somaly s’excuse auprès de moi mais elle va devoir parler à son comité en khmer afin de donner ses instructions. Pendant qu’elle parle je regarde la pièce qui est son bureau. Une grande pièce joliment aménagée. Une moquette, des canapés, fauteuils, vaste bureau, bibliothèque. Une fois terminé, elle informe ses collègues qu’elle désire que l’on me montre le travail de l’association, en me faisant visiter ; 3 bordels, le centre où se trouve les femmes et celui des enfants à Kompong Cham qui se trouve à 60 km de là, puis elle se lève et tout en me frottant le dos, elle nous annonce que nous devons quitter les lieux car elle a encore beaucoup à faire. Je ne la reverrai plus et ne pourrais lui exposer mon projet depuis la Suisse concernant son association. Il faut savoir qu’il était prévu depuis la Suisse, par e-mail, de se rencontrer. A la base, si vous regardez mon plan de voyage, je devais commencer mon séjour à Battambang et y rester un bon moment vu que mon but était d’approcher l’association AVEC afin de lui exposer mon projet et d’éventuellement donné un coup de main en orthopédie ou du moins visiter leurs ateliers, voir ce qu’il se fait là-bas. En sautant de l’avion à Bangkok, j’ai sauté dans un taxi qui après 45 minutes de route m’a déposé à la station nord pour sauter dans un bus qui m’a emmené après plus de 6 heures de routes, à la frontière Thaï-Cambodgienne. J’y ai passé une nuit et le lendemain, je sautais à nouveau dans un bus pour me rendre à Siem Reap après avoir poiroté 3 heures à la frontière, 8h30 de bus sur une route défoncée. Après une nuit à Siem Reap, j’apprends que Somaly est à Phnom Penh. Pendant la journée je visite son centre et le lendemain je saute dans un bus pour faire environ 380 km, jusqu’à Phnom Penh afin de l’y rejoindre. Nous sommes vendredi après-midi, je l’appelle et elle m’annonce que le centre est fermé pour le w-end et que l’on se rencontrera lundi, mardi elle quitte le Cambodge pour l’Italie. Si vous regardez la carte du Cambodge vous pourrez facilement vous rendre compte des kms parcourus en peu de temps. Je me suis donc retrouvée à nouveau sur le canapé du hall d’entrée avec un autre verre d’eau et de thé chaud. Monsieur Uong, c’est son prénom, m’a rejoint pour organiser ma journée et éventuellement celle du lendemain pour le centre des enfants. Une personne représentant certains donateurs est présente et suivant ce que décide de faire cette personne il faudra déplacer notre visite à Kompong Cham à un autre jour. Ce qui est compréhensif. Monsieur Uong me parle de l’association et de son propre parcours. Infos en vrac : - 60 % des filles s’en sont sorties. - 40 % retourne dans les bordels. - 36 % de la population est pauvre. Il n’existe pas l’aide sociale, sauf pour les fonctionnaires à la retraite. - 3 centres comprenant 152 filles (à ce jour). - Kompong Cham 47 enfants. - Siem Reap 44 filles dont 2 thaïlandaises. - Tom Dy 61 filles dont 2 thaïlandaises. - 579 endroits ont été visités par l’association, comprenant des bordels, des salons de massage, des karaokés, des restaurants, des salles de billard, des salons de coiffure, des bars, des hôtels, des guesthouses, des cafés shop, dans les jardins publics… - 6514 filles ont été recensées dans ces endroits. - 1 centre à Phnom Penh pour héberger les filles. - 1 salon de coiffure qui fait office d’école. - 1 clinique qui effectue tous les soins ou toutes les analyses gratuitement pour les filles. - 1 centre pour enfants à Kompong cham. - 1 centre à Siem Reap pour héberger les filles où elles sont formées pour la couture et suivre des cours de scolarité car une grande majorité est analphabète. - 1 salon de coiffure qui fait office d’école à Siem Reap. Monsieur Uong me demande si j’ai des questions, plusieurs se bousculent dans ma tête, en référence au livre de Somaly…. Je m’ose à lui demander comment se fait-il qu’ils aient été attaqué à plusieurs reprises par la mafia du milieu de la prostitution (selon le livre) sans que le gouvernement ou même le Roi n’interviennent ? Il sourit et me dit qu’il y a eut une attaque et que maintenant le gouvernement est intervenu. J’apprends que les filles du centre de Tom Dy, à Phnom Penh, sont entassées dans de petites pièces qui leur servent de chambre. 20 filles par pièce d’à peine 20m2, sans électricité. Le soir elles évoluent dans la pièce à la lueur d’une bougie et tentent de s’endormir dans une pièce moite où l’air est lourd et moite ! Il me confie qu’il aimerait pouvoir faire construire des petits immeubles sur deux-trois étages afin qu’elles aient plus de place et installer l’électricité … Je me mets à penser, pas à haute voix. Pourquoi le confort des filles n’est pas la priorité ? Même si les pièces sont petites, s’il y avait l’électricité, des ventilateurs ça changerait beaucoup ! Un centre ne doit-il pas être accueillant afin d’inciter les filles à rester ? A Siem Reap le centre est accueillant, même si les chambres des bungalows sont petites. Il y a l’électricité, j’y reviendrais plus loin. Monsieur Arunrith nous rejoint sur le canapé, il est le contrôleur financier de l’association. Il me parle des budgets, des dépenses, des projets, des donateurs. M’explique que les principaux grands donateurs sont : l’Unicef- l’Espagne- l’Italie- le Japon. De la jalousie entre ONG, qui poussent certaines à faire mauvaise presse sur Somaly ce qui lui a valu de perdre un de ses plus grand donateur… Monsieur Uong m’annonce que l’on va me ramener à ma guesthouse car il est déjà 1230 et le centre ferme. A 1430, mon chauffeur attitré viendra me chercher. 1430 me revoilà au centre AFESIP. Monsieur Uong me présente les 3 filles que je vais accompagner dans les bordels. L’une d’elle est son adjointe, elle aussi parle un peu le français et elle est enceinte de 8 mois. Il m’annonce que demain, mercredi, à 0730, on viendra me chercher pour m’emmener au centre des enfants dans la campagne de Kompong Cham. Un de ses assistants, qui parle anglais et le chauffeur m’y accompagneront. Nous nous rendons dans un fourgon à Reusey Keo, un quartier à Phnom Penh. Autour de moi, que des petites maisons, chez nous on appellerait ces dernières, des cabanes. Au Cambodge la majorité des maisons sont comme ça. Soit complètement en bois sur pilotis, soit complètement tressées avec des feuilles de palmiers sur pilotis ou pas et soit tressées mais avec le toit en tôle. Les plus pauvres ont leur maison complètement tressées et quand il pleut, au fil du temps, l’eau fini par s’infiltrer. 
Le premier bordel que je visite et dans une cabane délabrée, en bois. Par endroit il manque des planches et il faut faire attention de ne pas traverser le plancher. A coup sûr on tomberait directement dans les excréments de la maisonnée. Dehors il pleut mais je découvre qu’à l’intérieur aussi. En faite cette cabane a été construite pour accueillir 6-7 cellules, pardon, chambres de 1m de large et 3 de long. Des clapiers à lapins ! Se sont les chambres des filles. Elles vivent là 24h sur 24. Sur le panneau en bois qui sert de porte, un petit crochet avec un minuscule cadenas pour fermer la porte. A l’intérieur, on tombe sur un lit et sur deux, trois habits suspendus sur une ficelle qui fait office de penderie. Dieu que tout ça est sordide ! Et de visiter encore plus, je ne suis pas à l’aise d’être là ! Je trouve que ça fait nouvelle promotion touristique… Je me concentre sur le travail des trois femmes qui m’accompagnent. Tous les jours elles font le tour de tous les bordels qui collaborent avec l’association AFESIP. Elles donnent des cours d’éducation sexuelle, distribuent des stocks de préservatifs, tout en leur expliquant comme enfiler un préservatif.

Les 4 employées de Somaly qui suivent les filles Une des employées apporte les capotes Elles s’entrainent à tour de rôle sur une verge en bois. Elles leur donnent du savon tout en faisant un petit cours sur l’hygiène. Pendant ce temps, j’observe ces filles qui font si jeunes. Une en particulier, je trouve qu’elle fait 13-14 ans. Je me confie à ma voisine enceinte, qui parle le français et elle m’avoue ne pas connaître les âges exacts. Elle me confie que si je demande à l’une d’elle son âge elle mentira toujours et se vieillira. En effet, celle que je trouve si jeune, affirme avoir 21 ans. J’apprends par la suite, que l’association a sorti toutes ces filles de ce sordide milieu mais qu’elles ont décidé de retourner dans le milieu de la prostitution pour des raisons financières. Au centre, elles ne gagnent pas d’argent et ne peuvent en envoyer à leur famille, qui vive à la campagne et compte sur cet argent pour vivre, manger. Il faut savoir qu’une fille qui entre au centre sera suivie et aidée pendant 3 ans seulement et après elles doivent se débrouiller mais l’association essaie de ne pas les perdre de vue. Comme la plupart sont analphabètes il est très difficile pour elles de se former en trois ans. A la coiffure oui, pour autant qu’elles trouvent du travail mais pour la couture il faut savoir calculer… - Dans le premier bordel, les 5 filles ont entre 13 et 19 ans. - Elles travaillent de 1100 à 0200. - Elles touchent 2,5 dollars la passe, mais elles doivent la moitié « au mac » pour la chambre … - 5 dollars la passe pour les touristes. - Les jeunes effectuent entre 5 à 7 passes. - Les vieilles, se sont leurs propres mots (31 ans), entre 2 à 3 clients à 2,5 à 2,6 dollars. Elles, elles doivent 3 dollars pour la chambre car se sont des vietnamiennes, des illégales. - La plupart sont analphabètes. Les filles sont décontractées et rigolent pendant les cours d’éducation sexuelle surtout lors de la mise de la capote sur le mannequin en bois. J’apprends que malgré leur jeune âge, elles exigent le préservatif en le mettant à leur client, elles refusent catégoriquement certains actes sexuels. Dans le deuxième bordel qui se trouve coller au premier, 3 femmes grimées avec de la peinture blanche sur le visage, histoire de faire peau blanche ! Le visage est déjà bien marqué. Avec beaucoup d’humour elles disent qu’elles sont vieilles (31 ans) et qu’elles n’ont que 2 à 3 clients par jour. Avec humour je leur dit que je dois vraiment être très vieille à 35 ans. Elles ne me croient pas ! La troisième qui a 24 ans a 5-7 clients par jour. Toute fière, l’une d’elle me montre sa chambre. J’ai failli traverser le planché, encore des lattes manquantes ! Le toit fuit lui aussi, il fait une chaleur épouvantable et je ne vous parle pas des odeurs. Les WC, se trouve tout au fond du couloir, sans portes, ni cloisons. La chambre quand a elle est décorée à l’aide de tissus de couleur, sur les murs et sur le lit. Sa propriétaire m’a demandé de la prendre en photo dans sa chambre. Elle était fière de la décoration. Dans le troisième bordel visité ce jour-là, les filles ont entre 23 et 24 ans. Les tarifs sont les même et le patron de l’endroit prend toujours 50%. Pendant le cours d’éducation sexuel, un homme, sur sa moto, surgit dans la maison. Je n’en reviens pas, j’apprends que c’est un régulier. La fille le fait patienter dans la chambre et file au fond du couloir, un linge autour de la taille. Elle revient en courant et demande un savon. 
Une minute plus tard la porte de la chambre se ferme. Les chambres n’ont pas de plafonds, au fond de moi je prie pour ne rien entendre ! Les filles continuent de suivre les cours. Cinq minutes plus tard la fille sort de la chambre et nous rejoints. C’était comme si elle s’était absentée pour aller au petit coin. Elle reprend le cours là où elle l’a laissé ! Son client sort, le sourire aux lèvres, les filles le regardent et rigolent. Il grimpe sur sa moto, démarre et quitte la maison avec des étoiles pleins les yeux et un sourire béat. Avant de quitter les lieux, les filles veulent être prisent en photo avec leurs professeurs d’éducation sexuel. Un peu plus loin, sur la même rue, on discute avec 7 prostituées vietnamiennes. Elles ont entre 23 et 30 ans. Elles ont 3-4 clients par jour et gagnent 2,5 dollars la passe. Je ne sais pas comment elles font, elles payent 5 dollars la chambre pour 24 heures. La police, leur pique 5 dollars, en échange de leur silence sur leur présence au Cambodge. Alors que mes trois guides, discutent avec les filles, une femme surgit derrière nous et crie à l’encontre des filles. Voyant que je m’inquiète, l’adjointe de monsieur Uong, me tient le bras et m’explique que la femme qui hurle réclame l’argent de la chambre. Il semblerait que les filles ont des dettes. Tu m’étonnes ! Le calcul est vite fait, 3-4 clients par jour à 2,5 dollars (7,5 à 10 dollars) 5 dollars pour la chambre et 5 dollars pour la police, il ne reste plus rien ! Finalement la femme virulente enfourche son vélo et s’en va. Nous ne tardons pas non-plus, il est l’heure de rentrer au centre. En chemin mon ange gardien s’agrippe à mon bras et se tient le ventre. Sacré petit bout de femme, toute petite, si jeune et elle semble frêle. Je n’ai pas osé lui demandé si elle aussi, un jour est passée dans ces maisons où si l’enfant qu’elle attend …. Je quitte mes pensées sordides, car sa main me serre le bras et son regard me dit qu’elle va mieux. Jusqu’au fourgon elle me tient le bras. De retour au centre j’apprends par Uong que Somaly a quitté le centre, qu’elle ne reviendra pas et demain elle part pour l’Italie. Je constate juste qu’elle n’a pas daigné connaître le projet que j’avais à lui exposer… De retour à ma guesthouse, je rêvasse sur la véranda tout en soupant. Je décide que je n’écrirai rien sur cette journée dans mon journal. Il faut que je réfléchisse comme rédiger ces deux journées. Ce que je vais dire ou ne pas dire … Alors que je suis perdue dans mes pensées un couple d’allemand, de Berlin, Philice et Oliver s’installent à ma table. On a fait connaissance la veille. Il me demande de raconter, mais là comme ça je n’ai pas très envie et à vrai dire je ne sais quoi penser ! Alors je parle du sort de tous les enfants du Cambodge en leur expliquant ce que je sais, ce que j’ai vu, constaté. Ils n’ont pas l’air de croire que les jeunes khmers vivent toutes ces choses.
Mardi 8 mai 2007 0730 : A cause du trafic nous quittons Phnom Penh à 0830 pour Kompong Cham. Dès que je me retrouve en dehors des grands axes, je me sens bien. Le paysage est tellement beau. Pour seulement 60 km nous allons mettre environ 3 heures à cause de l’état de la route, du sentier devrais-je dire ! Du reste, il a fallu regonfler les pneus avant de s’engager sur la piste défoncée. Kompong Cham fut en son temps la troisième ville importante du Cambodge mais aujourd’hui, ça n’est plus le cas avec les villes touristiques comme Siem Reap et Sianoukville. Kompong Cham reste un paisible chef-lieu de province baigné par le Mékong. Elle reste la province la plus peuplée du Cambodge et a fourni au pays un bon nombre de ses dirigeants politiques actuels. Dont le premier ministre Hun Sen et le président du Sénat, Chea Sim. Ce qui n’empêche pas la population à mener une vie paisible, vivant de la terre et de la pêche dans les eaux du Mékong. Cette province produit une soie d’une excellente qualité, la plupart des Krama que l’on achète dans le pays viennent d’ici. A l’est se trouve de grandes plantations d’hévéas qui avant la guerre alimentaient l’industrie florissante du caoutchouc. A 0930, le 4x4 s’arrête dans un petit village, devant un petit restaurant où les tables sont déjà prises d’assaut. Les mouches, elles aussi investissent le lieu. Mon guide de la journée, me demande ce que je veux manger et comme je ne suis pas une spécialiste des repas Khmer à cette heure-ci de la journée ! Je lui dis que je prendrai la même chose que lui afin de découvrir. Déjà qu’en Suisse je ne déjeune jamais ou que très rarement ! Au Cambodge les gens mangent plusieurs fois par jour mais de petites quantités. Comme ils ne rentrent pas chez eux pour manger, certains habitants installent des tables et des chaises devant chez eux et font une cuisine délicieuse avec peu de choses et très rapidement. Il y a également les marchants ambulants. On m’apporte une petite portion de riz, j’adore le riz du Cambodge, les grains sont plus petits et quand il le grille un peu c’est excellent ! Vient ensuite avec le riz, des morceaux de porc grillé avec deux-trois petits légumes et des petites suces épicées. Je ne suis pas fan du porc, loin de là, mais préparé de cette manière c’était très bon. On m’a amené un verre d’eau avec des glaçons dedans. Il faut savoir qu’il est préférable de ne pas boire de l’eau qui ne sort pas d’une bouteille d’eau que vous avez achetée et qui était scellée. Les glaçons sont également déconseillés ! Les glaçons… Se présentent sous forme de gros blocs. Ils en achètent un morceau le jette au fond de leur fourgonnette ou le laisse trainer à même le sol ainsi que la scie rouillée qui s’occupera de couper quelques morceaux qui termineront dans votre verre d’eau. Parfois ils vous mettent sur la table des verres de thé froid fait maison. L’eau a été bouillie en principe mais précisez sans glaçons. 15 minutes plus tard nous étions à nouveau sur la route en direction du centre. 
A notre arrivée, tous les enfants présents au centre, arrivaient en courant le sourire aux lèvres. La responsable du centre nous accueil et me fait visiter le centre qui se compose de trois bungalows. Je trouve le cadre agréable et beau. Ils ont fait, du côté de la cuisine et salle à manger, un jardin de fleur et au fond de celui-ci des arbres fruitiers. Manguier-Bananier-Jaquier-Durian . Au bout des plantations un étang et ses magnifiques fleurs de lotus. Le long de l’étang un champ pour apprendre l’agriculture. Dans la maison principale, se trouve au rez-de chaussée, la salle à manger, avec tables et chaises, le coin couture avec ses machines à coudre, le coin tissage avec plusieurs grandes machines à tisser. Les filles y font entre autre des krama. A l’étage, la pièce, qui fait environ 30m2 et où les 42 filles dorment à même le sol. Chacune a un casier avec un petit cadenas. 
Les 5 plus petits (4-7 ans) dorment dans un autre pavillon. Un petit pavillon qui fait office de cuisine. Les enfants attendent leur tour pour être servi par la dame qui cuisine. Toujours avec beaucoup de respect. Les enfants baissent la tête en signe de respect et de remerciement. Une fois le repas terminé, chacun débarrasse son assiette, ainsi que les services qui vont avec et se dirigent vers la citerne afin de laver leur vaisselle. Tous ensembles ils rangent les tables, les chaises. Le matin ils ont l’école et l’après-midi, ils suivent une formation en couture, au tissage, en agriculture ou des cours parascolaires. Dans le troisième pavillon se trouve, une petite pièce où sont entassés quelques jouets pour les petits, un ordi qui fait office de bureau pour la responsable du centre, dans la pièce d’à côté la chambre des petits, qui dorment sur le carrelage. Dans la dernière pièce du pavillon se trouve la pièce de l’école de tissage. La dame qui s’occupe de former les filles était en train de faire un magnifique couvre lit de plusieurs couleurs et avec des motifs. Sous le pavillon j’entends des petits cris et je découvre deux singes enchaînés au pilier du pilotis. La responsable appel tous les enfants dans le bâtiment principal afin que je leur distribue le matériel que je leur ai amené. Ils s’alignent tous devant moi et attendent la distribution d’un cahier et un stylo pour chacun. Les petits recevront, le paquet de 100 ballons, les trois boîtes de crayons de couleur, les tailles crayons et les gommes. A chaque fois, l’enfant qui recevait quelque chose, joignait les mains et s’inclinait devant moi. Ça me gênait, mais ici c’est comme ça ! Une fois la distribution terminée, les enfants sont partis faire leurs activités de l’après-midi. En observant toutes ces jeunes filles, je ne pouvais m’empêcher de penser qu’elles étaient bien mieux là qu’à la capitale. J’avais l’impression qu’il y avait moins de risque qu’elles finissent dans des bordels… Pendant l’heure qui suivit, j’ai filmé et regardé les filles tisser ainsi que coudre. Avant de partir, je suis allée dire au revoir aux tous petits qui tentaient une sieste sur le carrelage de leur chambre. Ils étaient là, tous sur un rang, allongés avec une petite couverture et un oreiller. Certains avaient même un « Teddy ». J’ai fait quelques photos que l’ont a regardé ensemble et puis un bisou à chacun, bonne nuit les petits loups ! Sur le chemin du retour, j’étais encore une fois très silencieuse, mon esprit était en train de revivre ces deux dernières journées … La responsable du centre nous accompagnait, ainsi qu’une des filles du centre. Cette dernière va rendre visite à sa famille qui vit à Battambang. Je sors de mes songes lorsque le 4x4 freine subitement et que l’on m’annonce que l’on va manger. Encore ! Il pleut, un vrai déluge, Phnom Penh semble sinistre à côté de Kompong Cham et quel bruit ! Le temps de dire au revoir à Monsieur Uong, au centre AFESIP et mon chauffeur du jour me ramène à ma guesthouse. En chemine je lui demande de me laisser au marché et je rentrerai à pied. Les s collaborateurs de Somaly sont vraiment très gentils. Mercredi 9 mai 2007 à 0745 :
Départ de mon bus pour Siem Reap, pour environ 377 km en 6-7 heures. Retour à la case départ ! Le paysage est magnifique, j’aime la campagne cambodgienne. Phnom Penh est très bruyante et polluée. Je comprends les gens qui roulent avec des masques et vous pouvez vous changer tous les jours, il y a une telle poussière. Pendant le trajet, à maintes reprises j’avais envie de faire stopper le bus pour prendre 2-3 clichés supplémentaires afin de faire exploser ma carte de 2 GB. Huit jours que je suis là et déjà plus de 700 photos. Beaucoup d’enfants et de paysages. J’ai découvert quelque chose, alors que je me morfondais derrière la fenêtre de mon bus climatisé. En mettant mon appareil en mode sport et en cliquant au hasard dans le paysage par la fenêtre ouverte du bus et ce malgré que le bus saute dans tous les sens, j’ai fait de belles photos. Les loupées je les supprimais de suite, l’avantage du reflex-numérique ! J’avais tellement peur de déranger les adeptes de la clim que j’avais ouvert la fenêtre de 10-15 cm, juste assez de place pour passer l’appareil au dehors mais pas assez pour regarder dans l’objectif. Au début j’avais les cimes des palmiers, puis la route et enfin j’avais la position adéquate, quand il n’y avait pas de bosses… Même si la route et en meilleur état que celle entre Poipet-Siem Reap, après 6-7 heures on est cassé ! On aspire qu’à une chose, se faire masser, chez les aveugles par exemple. Ils vous soignent de vos maux avec leurs doigts experts et en plus vous contribuez à les aider en allant chez eux. J’avais prévu de retourner à la guesthouse « Cocunut Lodge » mais finalement j’ai décidé d’aller dans celle de la sœur du propriétaire de « Narin » guesthouse à Phnom Penh, la « Smiley » guesthouse. Très bon choix ! L’après-midi, j’ai flâné dans les rues pour repérer mon quartier. Sur le chemin du retour, un taxi tuk tuk me demande si je veux aller le lendemain visiter la cité d’Angkor. 10 dollars la journée. Dans ces cas là, il vaut mieux être plusieurs car le prix est le même pour 1 ou 4 personnes. Philice et Oliver, le couple d’allemand de Phnom Penh, pensant que je ne prenais pas le même bus qu’eux, m’interpellent et me donnent discrètement des billets de dollars enroulés. En me les donnant, Oliver me dit que touchés par ce que je leur ai conté la veille au soir, sur les enfants du Cambodge, les bordels, ils voulaient contribuer à leur manière, sachant que j’allais à nouveau acheter des cahiers, des stylos, des ciseaux, des règles pour d’autres enfants. A ce jour je peux vous dire, que j’ai donné une partie de leur argent aux masseurs aveugles, acheté 40 cahiers, 50 stylos, 2 grandes règles, 2 grands ciseaux et 10 gommes, pour les filles du centre de Somaly Mam à Siem Reap.
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